La Violence Éducative Ordinaire (VEO): comment la repérer ?

Ces informations sont d’autant plus importantes à connaître pour les enseignants et professionnels en contact avec des enfants.

Connaître les 3 types de symptômes traumatiques (mémoire traumatique, sidération et dissociation traumatique) décrits par Muriel Salmona, psychiatre spécialisée en psychotraumatologie et victimologie (voir l’article sur les conséquences de la violence éducative ordinaire).

  1. La mémoire traumatique

La mémoire traumatique est une mémoire sensorielle, émotionnelle, physique qui n’est pas intégrée par le circuit de la mémoire. Cette mémoire reste bloquée dans un espace du cerveau et ré-envahit la personne au moindre lien avec l’événement traumatique. La mémoire traumatique ne peut pas mentir car elle se reproduit à l’identique.

La mémoire de ce qui se passe reste en l’état hors temps et fait revivre les événements traumatiques comme une machine à remonter le temps.

Ces souvenirs peuvent hanter les enfants (même une fois devenus adultes), qui doivent mettre en place des stratégies de survie pour éviter le douloureux allumage de leur mémoire traumatique :

  • évitement : phobie, alcoolisation à certaines périodes de la journée correspondant à des heures de violences subies, crises de panique, douches à répétition…
  • contrôle de l’environnement qui est devenu un terrain miné
  • conduites à risque : mises en danger qui provoquent la « disjonction du système » pour éviter de revivre l’événement traumatique. Il est préférable pour un enfant de se scarifier par exemple que de revivre des violences extrêmes.

Ces manières de revivre les événements traumatiques peuvent être prises pour des hallucinations (auditives, visuelles, olfactives…)  et des diagnostics de schizophrénie peuvent être posés alors qu’il s’agit de mémoire traumatique.

2. La sidération

Il y a paralysie des fonctions supérieures.

3. La dissociation traumatique

La personne est déconnectée de ses émotions et du stress : elle est comme anesthésiée et en dehors d’elle-même (en mode automatique).

Par exemple, 60% à 90% des prostituées sont des personnes qui ont connu des violences sexuelles dans l’enfance et qui sont dissociées.

Un état de dissociation traumatique pose problème car la personne dissociée ne ressent rien et peut parler de sujets graves qui la touchent intimement sans paraître impliquée.

L’enfant dissocié n’a pas une déficience mentale mais il ne peut pas utiliser son intelligence pleinement, au risque de revivre sa mémoire traumatique.

On comprend donc que la sidération bloque l’enfant qui se fige et que la dissociation est comme une anesthésie émotionnelle (l’enfant paraît ne rien ressentir).

Les adultes ont alors l’impression que les punitions, les fessées, les claques, les humiliations “marchent” d’un point de vue éducatif alors que la violence n’a fait qu’arrêter l’enfant par peur intense.

Les états de dissociation et de sidération peuvent mener à une non réaction des enfants, qui ont l’air d’ignorer ce que les adultes leur disent. Les adultes peuvent prendre cela pour de l’indifférence, du défi à leur autorité et risquent de justifier le cycle des violences éducatives par cet état.

Par ailleurs, certains enfants vont répondre différemment aux violences éducatives ordinaires : par la rébellion, par la revanche, par la rancoeur, par la reproduction de la violence… Ces enfants sont alors considérés comme “entêtés”, “difficiles”, “terribles” et les adultes vont se montrer encore plus violents dans une optique éducative. En ce sens-là, les violences éducatives sont d’autant plus dangereuses qu’elles mènent à une escalade de la violence pouvant mener à de la véritable maltraitance : quelle est en effet la limite entre une violence “acceptable”, “éducative”, “qui ne fait pas vraiment mal”, qui est pour le “bien” des enfants et une “vraie” violence maltraitante dont tout le monde s’indigne ?

Poser des questions aux enfants qui ont l’air d’aller mal 

    • « Qu’est-ce qui t’est arrivé pour que tu ailles aussi mal ? »,
    • « Qu’est-ce qu’on t’a fait de gênant ou de douloureux pour que tu ailles aussi mal ? »,
    • « Qu’est-ce que tu as subi ? »,
    • « Est-ce que tu es en danger immédiat ? »

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